Arpenter, guider, jalonner. La marche, outil des processus participatifs en architecture et urbanisme du XXe siècle

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Judith le Maire

Résumé

La marche est une pratique récurrente et spécifique des architectes et des urbanistes qui produisent des projets en participation avec les habitants des lieux qu’ils vont travailler. C’est à la fin du XIXe siècle qu’émerge, à travers les écrits de Patrick Geddes, la préoccupation de faire participer les citoyens au projet urbain. La marche est dès ce moment identifiée comme un outil pour les concepteurs et pour les citoyens, admis comme connaisseurs du terrain. Elle est un instrument de compréhension et de conception, décliné ici sous trois fonctions: arpenter, guider, jalonner. Arpenter d’abord afin de réaliser un diagnostic en portant une attention particulière au site du projet. La marche constitue une dimension incontournable de l’enquête fouillée du contexte dans sa double envergure – physique et humaine. Les connaisseurs – qui ont arpenté le terrain et mené l’enquête – vont diffuser les informations, les propositions recueillies dans des expositions, guidant le visiteur comme s’il était dans les lieux. Quant à l’arpentage, le dessin du projet prend souvent le pas humain comme mesure. Le quartier est conçu en fonction des distances à parcourir à pied avec l’ambition de favoriser les rencontres et les rapprochements. Pour ce faire et afin de prolonger l’expérience participative dans l’usage et la gestion du projet, le plan est maillé d’équipements destinés aux rassemblements. Ces lieux communs sont les supports d’une gestion concertée et partagée du quartier.

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Biographie de l'auteur

Judith le Maire, Faculté d'Architecture La Cambre Horta - Université libre de Bruxelles

Judith le Maire est architecte et docteure en histoire de l’art. Elle est chargée de cours à la Faculté d’architecture de l’Université libre de Bruxelles. Elle dirige le Centre des Laboratoires Associés pour la Recherche en Architecture – C.L.A.R.A. Ses travaux portent sur les processus participatifs en architecture et urbanisme (La grammaire participative en architecture et urbanisme 1904-1968, Éditions de l’Université de Bruxelles, à paraître en 2013) et les méthodologies et les médiums relatifs à ces processus (J. le Maire, «L’apprentissage comme pilier de la grammaire participative dans l’architecture et l’urbanisme», dans Y. Bonny, et al., Espaces de vie, espaces enjeux, entre investissements ordinaires et mobilisations politiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2011, p. 203-218). Les aménagements des espaces extérieurs, les parcours assurant la transition entre l’espace public et l’architecture sont au coeur de cette investigation qu’elle mène notamment à travers la coordination de ]PYBLIK[, formation à la culture et aux métiers de l’espace public à Bruxelles, depuis 2007. Elle a publié à ce sujet, notamment, «La place publique contemporaine ou la Piazza Beaubourg» (dans La Place publique urbaine dans les anciens Pays bas et son contexte européen (XIIe-XXe siècle), Artois Presse Université, Arras, 2007, p. 295-304). Elle a abordé la question de la mobilité également («Bruxelles au XXe siècle», Fortifications. Bruxelles, l’émergence de la ville contemporaine, Édition CIVA, Bruxelles, 2002, p. 70-74) à travers la transformation des remparts des villes européennes, ce qui fait également l’objet du colloque Boulevards & Rings in Europe, 18th-19th Centuries, qui se tiendra en 2013 à Bruxelles et Reykjavík.

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