Comptes rendus du Sahara. Transitions et contradictions dans les modernités afro-européennes : the case of Cansado-Zouerate, Mauritania

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Filippo De Dominicis

Résumé

Entre 1959 et 1965, la Société nationale des mines de Mauritanie, MIFERMA, a délocalisé plus de 10 000 personnes en plein cœur du Sahara pour soutenir sa croissance industrielle. Les urbanistes français responsables, mettant l’accent sur les principes de l’urbanisme moderne, tout en affrontant des conditions environnementales extrêmes, ont répondu aux ambitions de MIFERMA en accueillant 10 000 travailleurs africains et gestionnaires européens dans deux villes nouvelles, reliées par une ligne de chemin de fer traversant 700 kilomètres de désert.


L’histoire de Cansado et de Zouerate, l’une, ville portuaire, l’autre, d’arrière-pays, est étroitement entremêlée à d’autres expériences parallèles en Afrique de l’Ouest. Dans le cadre d’un large réseau du fer et de l’acier de part et d’autre de l’Atlantique, l’expérience mauritanienne est une des tentatives les plus marquantes de planification de villes minières qui – selon le gouverneur de Guinée française, Roland Pré – allaient devenir l’outil principal pour que l’Afrique détermine « son propre avenir, principalement dans les régions vierges de l’intérieur, où de grands complexes d’industrie et de services sont planifiés ».


Habitées majoritairement par des personnes délocalisées, tant d’Afrique que d’Europe, Cansado et Zouerate partagent un même fondement idéologique et forment un système unique et interconnecté de logements – pour loger les personnes – et d’infrastructures – pour les nourrir – qui traversent le désert. Néanmoins, les différents processus de planification établis par la compagnie minière, tout comme le rôle joué par les aménageurs, ont profondément influencé le développement ultérieur de ces villes. Alors qu’à Cansado, la superposition de strictes règles typologiques aux variations morphologiques a empêché tout processus d’adaptation, Zouerate s’est développée comme une ville spontanée à côté du noyau moderniste, et une large ceinture de bidonvilles et de jardins commence à encercler la ville.


Si la transition de la décolonisation a formé – et subverti – l’utopie moderne sous-tendue, les environnements extrêmes du Sahara ont contribué à manifester les contradictions bien évidentes dans les destinées opposées de Cansado et Zouerate.

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Biographie de l'auteur

Filippo De Dominicis, Massachusetts Institute of Technology

Filippo De Domenicis (Rome, 1982), studied architecture in Brussels and Rome. He holds a PhD in architectural design and theory from Sapienza University of Rome (2012) and a MArch from the same university (2008). After a two-year post-doctoral fellowship at IUAV-University of Venice, he is currently post-doctoral fellow at the Aga Khan Program for Islamic Architecture, Massachusetts Institute of Technology. His research at the MIT investigates the relationship between the sub-Saharan environment and the multi-scale planning process established by the most prominent Pan-African leaders. Filippo’s current research topic arises from a two-year study of the traditional sub-Saharan environment, with a special focus on the ecological mechanisms set up along the southern border of the Great Desert. Filippo complements his academic involvement with a solid professional involvement. As architect and urban designer he has been involved in several projects in Morocco, Mauritania, Mali, Saudi Arabia and Malaysia, collaborating both with international institutions and local stakeholders.