Les années 1965-1970 à La Cambre: une expérience salutaire

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Jean-Pierre Hardenne

Résumé

Dans les années 1960, l’ENSAV La Cambre bénéficiait d’un prestige important, mais, peu après son inscription en 1re année, Jean-Pierre Hardenne ressent un écart important entre cette renommée et ses propres attentes. À l’exception des cours dispensés par quelques figures nouvellement instituées, dont le directeur Robert-Louis Delevoy, le chef d’atelier Peter Callebaut et quelques professeurs d’université dont, entre autres, Françoise Choay, l’enseignement lui paraît largement insatisfaisant.
À plusieurs reprises à partir d’octobre 1967, les étudiants manifestent leur désapprobation en faisant grève et en refusant les énoncés des exercices. Alimentée par la contagion des événements de Mai 68, la contestation prend de l’ampleur et permet aux étudiants de conquérir le pouvoir et la parole. Après avoir refusé le jury constitué par le ministre, les étudiants exigent d’être évalués par une commission d’architectes qu’ils choisissent eux-mêmes. De plus, le projet de diplôme des seize étudiants de dernière année sera réalisé collectivement.
Puis, durant l’été, les étudiants contestataires – rejoints notamment par leur chef d’atelier Peter Callebaut – préparent les revendications pédagogiques pour la prochaine rentrée académique.
Dès la rentrée se déclenche une importante confrontation entre ce groupe et les autres chefs d’ateliers.
Au cours de l’année sera créé le groupe «Prospective» qui deviendra la cible des opposants, étudiants et chefs d’ateliers. Ces polémiques trouveront notamment un écho dans la presse.
En juillet, lassés des vaines querelles, Jean-Pierre Hardenne, Agnès Emery, Henry Goldman et France Vanlaethem développent un projet de fin d’études intitulé «Le catalyseur urbain», afin d’illustrer leurs revendications et leurs propositions pédagogiques fondées avant tout sur la nécessité d’une lecture politique de la structuration urbaine et des formes architecturales.
Malgré le climat difficile et les fortes dissensions au sein de l’école, le projet est sélectionné pour le Grand Prix d’urbanisme et d’architecture de Paris, et obtient le meilleur résultat au jury de diplôme. Une année plus tard, en 1971, une évolution de ce projet représente la Belgique à la Biennale de Paris et est exposée au Design Center de Bruxelles.

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Biographie de l'auteur

Jean-Pierre Hardenne, École de Design, UQAM - Université du Québec à Montréal

Jean-Pierre Hardenne est détenteur d’un diplôme de professeur de dessin de l’École normale provinciale du Brabant, Bruxelles (1961), d’un diplôme d’architecte, avec grande distinction, de l’École nationale supérieure d’architecture et des arts visuels de La Cambre, Bruxelles (1970), et d’une scolarité de doctorat en sociologie de l’Université de Montréal (1978). Il participe à divers stages: pour enseignants francophones en aménagement à l’Université de Montréal (1970), de cinéma d’animation expérimentale et d’urbanisme à La Cambre, ainsi que de programmation et expérimentation à l’Education Center et au Data Center IBM de Bruxelles (1971). Chargé de recherche au Centre d’études et de recherches de l’environnement à Bruxelles (CERE), il représente la Belgique à la 7e Biennale de Paris (1971), avec le projet «Le catalyseur urbain», sélectionné et primé par le jury du concours international «The City as a Significant Environment», organisé par ADI-Milan. Il expose le projet «Comment trois architectes voient Bruxelles… et vous?» au Design Center de Bruxelles (1972).
Engagé comme professeur invité en 1971-1972, confirmé professeur régulier en 1974, permanent en 1976, agrégé en 1978 et titulaire en 1984, il prend sa retraite en 2007 et est depuis professeur associé à l’École de design de l’UQAM. Il occupe pendant trois ans la direction du module de Design de l’environnement dont il a conçu le programme; il fonde le Département de design dont il est directeur pendant quatorze ans; il initie et encadre la construction de son nouveau pavillon.
Il assume la direction du Secteur [Faculté] des arts dont il fait la promotion, comme vice-doyen [doyen], pendant quatre ans. Il crée l’École de design qu’il dirige pendant deux ans et y développe les études supérieures en architecture et design.