Habiter un coliving : espace approprié ou espace consommé ?
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Résumé
À partir d’une enquête menée dans un vaste coliving, cet article analyse la mise à l’épreuve, par les usages et représentations des habitants, des visées communautaires attribuées à ce modèle résidentiel en pleine expansion. Insistant sur les conditions spatiales et sociales des dynamiques d’investissement des lieux, l’analyse montre que, par ses caractéristiques, le coliving favorise des usages qui s’inscrivent dans des logiques de consommation des lieux. Si les parties privées sont bien identifiées par les colocataires comme des logements, les espaces collectifs sont considérés comme des plus-values, voire des services prépayés qu’il s’agit de rentabiliser, ce qui conduit parfois à des conflits d’usage des communs. Celles et ceux qui ont choisi d’habiter le coliving pour sa dimension communautaire connaissent parfois des désillusions, allant jusqu’à éviter les autres habitants. Les espaces privés constituent par ailleurs des lieux de repli rudimentaires, qu’il est difficile de s’approprier, et qui n’assurent pas un degré d’intimité et de confort suffisant pour en faire un environnement domestique pleinement satisfaisant. En plus d’être un produit d’investissement immobilier discutable, le coliving apparait ainsi comme un produit de consommation expérientiel, investi par des habitants-consommateurs et, parfois, plus proche de l’hôtel que de l’habitat.
Image : Relevé habité d’un loft loué non meublé. La locataire a dû ruser pour faire entrer ses affaires, mais aussi se défaire d’autres biens. © Sacha Maréchal, 2023.
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