Une utopie moderniste dépassée par l’ordinaire. Les vies consecutives du complexe Seun à Séoul, Corée du Sud

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Joonwoo Kim
Bruno De Meulder

Résumé

À la suite du coup d’État de 1961, le gouvernement militaire encouragea l’industrialisation afin d’accélérer le développement économique de la Corée du Sud. Dans ce contexte, une urbanisation soigneusement gérée apparaissait essentielle à piloter la modernisation. Un tel zèle modernisateur mena, entre autres choses, à la réalisation du remarquable complexe Seun, une réalisation moderne unique aux caractères utopiques qui visait à restructurer le centre urbain de Séoul ; une véritable mise en forme et en espace des idéaux modernistes. Le gouvernement sponsorisait et promouvait activement des projets de développement urbain comme le complexe Seun afin de catalyser le processus de modernisation. Cette mégastructure combinant fonctions commerciales et équipements publics à des logements de masse, une des plus grandes jamais réalisées, fut, à ce titre, un projet pilote de la junte militaire. Se surimposant au système urbain existant sans grand égard pour le contexte local, il n’entrait pas non plus excessivement en conflit avec le tissu environnant. Le complexe comprenait un centre commercial piéton surélevé de 1 kilomètre de long et des traversées automobiles au niveau du sol. Ce mégacomplexe, constitué en définitive d’un chapelet interconnecté de huit imposants bâtiments, fut achevé en 1968 et devint instantanément l’icône de l’utopie moderniste de la première moitié des années 1970. Néanmoins, le développement en perpétuelle accélération de la Corée a rapidement relégué le complexe Seun dans l’ombre de réalisations toujours plus neuves et plus grandioses, semblant désuet, avant même d’avoir vieilli. Au fil du temps et progressivement, il se développa autour du complexe de fortes et larges alliances avec l’industrie productive urbaine locale. Il absorba un nombre conséquent de fonctions provenant des tissus industriels et commerciaux environnants, tout en conservant son intégrité physique comme un objet s’écartant des quartiers voisins. En tant que corps étranger catapulté dans le tissu urbain, en termes programmatiques, il devint partie intégrante et dynamique de ce tissu.

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Bibliographies de l'auteur

Joonwoo Kim, KU Leuven

Joonwoo Kim is a doctoral researcher at the OSA research group (Urbanism & Architecture) of the Department of Architecture, KU Leuven. He holds a European postgraduate master in urbanism from KU Leuven and TU Delft for which he completed a thesis concerning the socio-economic border of Brussels. With a bachelor of architecture and a master of urban design in Korea, Joonwoo also has a background in architecture and urban design. In addition, he participated as a senior researcher in several urban planning practices in Korea. His current research focus is on developmental urbanism in Asian contexts. By means of both historical urban research and spatial analysis, Joonwoo is interested in the origin of market-oriented urbanism in Korea and the related shift from postcolonial to neoliberal approaches.

Bruno De Meulder, KU Leuven

Bruno De Meulder studied civil engineering-architecture at the Department of Architecture, KU Leuven (Belgium), where he also obtained his doctoral degree, and where today he teaches history, theory and practice of urbanism. His teaching takes place mostly through urban design studios that he also cherishes as a key tool for research and practice. His focus is on issues of urbanism in the postindustrial and postcolonial era. Bruno De Meulder is currently working on an international oeuvre engaging with dispersed urbanism and what Dennis Cosgrove labeled promiscuous territories. He is the coordinator of the MaHS and MaUSP postgraduate programmes and heads the OSA research group (Urbanism & Architecture) at the mentioned department.