Genèse d’une rencontre entre criminologie et architecture : l’espace carcéral à travers les épistémologies

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David Scheer

Résumé

La dissection de la genèse d’un projet de recherche doctorale relatif à l’architecture carcérale, à la veille de la rédaction de la thèse, permet de comprendre les glissements épistémologiques qu’il s’agit d’opérer lorsque l’on désire étudier les espaces pénitentiaires en criminologie. La présente contribution vise donc à mettre en scène – sous la forme de trois étapes chronologiques illustrant les ajustements et les déplacements progressifs du cadre d’analyse – une rencontre particulière entre deux disciplines scientifiques, à la fois lointaines et proches sur certains aspects: l’architecture et la criminologie. La singularité de cette rencontre, illustrée dans l’exemple récurrent de l’étude de l’espace cellulaire en prison, met en lumière des considérations plus globales sur la manière d’appréhender l’espace comme objet de recherche (davantage que simple focale d’analyse) dans les sciences humaines. Ainsi, l’article propose de considérer l’espace comme véritable objet de la science; un objet qui nécessite une attention épistémologique toute spécifique.

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Biographie de l'auteur

David Scheer, Université libre de Bruxelles, Ecole des sciences criminologiques

David Scheer est criminologue au Centre de recherches criminologiques de l’Université libre de Bruxelles. Il poursuit actuellement une thèse de doctorat (aspirant FRS-FNRS) relative à l’architecture carcérale et aux usages sociaux des espaces de détention. Il a notamment publié : « Le paradoxe de la modernisation carcérale. Ambivalence du bâti et de ses usages au sein de deux prisons belges » (Scheer, 2013), « Jeunes incarcérés en cellules individuelles. De la totalitarisation de l’expérience à l’utopie disciplinaire ? » (Scheer, 2014a), et « La prison de murs troués... Essai d’analyse d’une microarchitecture carcérale de l’embrasure » (Scheer, 2014b).

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